Monday, September 19, 2016

Le Pas de la rue s'adapte

La rue vieillit. À preuve, le Pas de la rue, le seul organisme à s’occuper exclusivement des personnes âgées de 55 ans et plus, a vu sa fréquentation bondir de 39% en un an et s’est vu obligé à ouvrir les dimanches. L’organisme a aussi construit huit logements de transition pour sa clientèle, des appartements meublés où les personnes peuvent demeurer pendant deux ans, le temps de se replacer. Il a aussi adapté son horaire selon les heures d’ouverture des refuges. L’organisme a travaillé conjointement avec les organismes du quartier (Groupe Information Travail, En marge 12-17, Le Cube, Les Chemins du Soleil) afin de transformer une église en un lieu communautaire, le Centre culturel et communautaire Sainte-Brigide. Un consortium qui permet des partenariats, selon le directeur général du Pas de la rue, Robert Beaudry.


«Le Pas de la rue se veut un lieu d’accueil, d’échange, un endroit pour se poser, mais aussi un tremplin pour rebondir, dit Robert Beaudry.  On les accompagne dans un processus.» Au moment où je suis allée visiter, par un beau jeudi d’automne, on soulignait les anniversaires du mois. La salle commune était pleine à craquer, la bonne humeur était contagieuse. C’est que tout le monde se connaît, là: les nouvelles personnes doivent d’abord passer par un processus d’accueil, démontrer qu’ils vivent une problématique de pauvreté ou d’isolement. Ils rencontrent une intervenante, puis il y a un comité de sélection. Après coup, les personnes peuvent fréquenter le centre de jour et participer aux activités extra organisation: sorties, activités organisées par des partenaires comme Execo, etc. Une infirmière est aussi présente deux fois par mois pour offrir une oreille adaptée à une population vieillissante. L’organisme voit 500 personnes par an, dont 60 par jour. Les problématiques les plus souvent rencontrées chez les personnes accompagnées (c’est ainsi qu’on nomme la clientèle ici) sont l’alcoolisme et le jeu. Autrement, on voit dans la clientèle beaucoup de personnes qui viennent de la Maison du Père, du quartier limitrophes, des résidences pour aînés, des HLM, de la rue et de l’Accueil Bonneau.


«La volonté de se réinsérer chez les personnes plus âgée est plus forte, explique Robert Beaudry. Ils en ont vu. Ils veulent s’en sortir. Ils se retrouvent dans une craque, il y a peu de choses pour eux. On veut montrer que c’est possible de se réinsérer à 55 ans.» Ici, le logement est un outil d’intervention: les personnes ne signent pas de bail, mais une entente de séjour dans laquelle ils s’engagent à rencontrer l’intervenante et à établir des objectifs avec elle. Sur les huit personnes entrées dans le programme, deux se sont trouvé un logement hors de l’organisme. Le programme réapprend aux personnes à habiter en logement.


L’organisme est bien implanté dans son milieu avec sa communauté, et prochainement il s’implantera dans Mercier-Est, un milieu qui connaît une grande précarité, avec l’achat d’une église qui sera convertie en 40 logements permanents avec accès direct au centre de jour.

«On n’arrête pas de dire que le vieillissement est une fatalité, s’exclame Robert Beaudry, mais c’est une opportunité! On peut offrir des services qui permettent à ces gens d’être des acteurs dans la communauté.»


Friday, October 17, 2014

Des logements pour sans-abris qui offrent de la dignité

Les projets d'habitation pour personnes en situation d'itinérance n'ont pas à être tout gris, de béton, ou dans des chambres crades, non?

Dans le cadre du mouvement «Logement d'abord», qui est très fort aux États-Unis et qui s'étend de plus en plus au Canada et au Québec, la Ville de Los Angeles a construit le Star Apartment, un complexe de luxe qui est dédié aux personnes en situation d'itinérance, qui non seulement a été conçu par un architecte renommé, mais en plus comprend plusieurs services tels clinique médicale, gym, etc. De quoi redonner de la dignité à ceux qui l'ont souvent égarée en chemin!

On en apprend plus ici: http://www.latimes.com/local/lanow/la-me-ln-innovative-homeless-housing-20141008-story.html

http://thinkprogress.org/economy/2014/10/09/3577918/homeless-housing-los-angeles-skid-row/

Tuesday, June 24, 2014

Chaque intervention a son importance

Quand on est intervenant/e auprès des personnes en situation d'itinérance ou démunies, on peut être tenté de croire qu'il faut, pour qu'une intervention compte, faire de l'écoute active lors d'une longue séance, fournir des numéros de téléphones, épauler la personne dans ses démarches, etc. Parfois, pourtant, il ne suffit que de cinq minutes, que d'une petite lettre par exemple, pour changer la vie de la personne. D'autres fois il suffit de l'écouter de temps à autres, au besoin, de lui sourire, et de lui faire savoir qu'on croit en elle. Comme quoi, il suffit parfois de bien peu pour donner le coup de pouce pour sortir de la rue!

Friday, May 30, 2014

Paquets de dépannage alimentaire altérés en Grande-Bretagne, un acte de vandalisme horrible

Une banque de dépannage communautaire dans West Sussex a été victime d'un acte de sabotage terrible, alors que des rasoirs jetables et de la litière de chat usagée ont été retrouvés dans les aliments à distribuer. Un acte répréhensible et absolument incompréhensible, alors que des centaines de familles dépendent de cette banque alimentaire. Heureusement, les sacs sont méticuleusement inspectées avant d'être remis aux personnes nécessiteuses.

Wednesday, April 9, 2014

La culture de la pauvreté

Il y a un petit film bien fait par les participants de la Maison du Père avec Execo dans le cadre de leur programme IdAction (L'Itinérance, c'est d'la job!) et ça représente bien la vie des personnes en situation d'itinérance. Quand on passe d'un repas à l'autre, d'un organisme à l'autre, qu'on pense à l'endroit auquel on va dormir le soir, qu'on reste dans les besoins de base à combler, il est très difficile de réussir à sortir de ce cercle vicieux. Sans compter tous les rendez-vous à l'aide sociale, les rendez-vous pour la santé, les heures de travaux compensatoires à faire pour régulariser son dossier (quand on a des tickets impayés, ce qui arrive très souvent quand on est dans la rue!), les papiers à régulariser (donc déplacements et frais pour ces documents gouvernementaux, que ce soit carte d'assurance-maladie, certificat de naissance, etc). Et ça, c'est sans compter les nombreux documents à remplir: pour l'aide sociale, pour les frais de santé (lunettes, etc), et plus encore. Avec tout cela, pas facile de trouver du temps pour faire la recherche de logement et encore moins d'emploi...Et encore moins pour aller chercher ce qui nous manque (cours à suivre, etc). On doit évidemment faire toutes ces démarches quand les services sont ouverts, donc de jour, en semaine...oui, les mêmes heures que celles de travail, souvent. On peut donc dire alors qu'il y a une culture de la pauvreté. C'est un peu ainsi que se créée l'itinérance chronique finalement.

Certes, c'est possible d'en sortir, mais par quel bout commencer? Une chambre dans un refuge près des organismes d'aide pour commencer, pas trop belle (pour être polie), qui ne demande pas de références...et qui donne envie de retourner à la rue, bien souvent, parce qu'on est encore dans ce monde de l'itinérance et de la grande pauvreté. On arrive tout juste à payer notre logement avec notre maigre chèque d'aide sociale. On va dans les organismes pour avoir du dépannage alimentaire, encore dans les heures de jour. Ensuite on peut bouger vers un peu mieux. On se trouve un emploi, ou on commence un programme de réinsertion sociale en employabilité. Graduellement, on retrouve notre dignité, qui on était avant, avant que la maladie frappe, la dépression, ou encore la consommation. Et on se bat jour après jour pour rester la tête hors de l'eau.

Sunday, April 6, 2014

De délicates attentions

On a tous l'habitude de souhaiter un joyeux anniversaire à nos proches, que ce soit de vive voix, par courriel ou message texte. Pour les hommes et les femmes de la rue que je côtoie, l'anniversaire de naissance est généralement une période sombre, qu'ils tentent de noyer dans l'alcool ou dans la drogue. Si vous connaissez leur date de fête, tentez de le souligner; ils vous en seront gratifiants! Mieux encore, dans notre tourbillon de société qui fonctionne plus que jamais grâce à la technologie, prenons donc le temps d'appeler ou d'aller voir la personne un petit cinq minutes: sa journée sera illuminée!

Saturday, April 5, 2014

Privilégiée de manger à ma faim

Avez-vous déjà eu faim? Avoir le frigo vide, si ce n'est que deux-trois légumes pourrissant? Avoir dû vous demander si vous alliez manger ce soir, ou encore où vous alliez manger: à quel organisme? Alors que les banques alimentaires du Québec lancent un cri d'alarme et que les organismes en aide alimentaire constatent une augmentation grandissante de la demande, il est bon de s'arrêter et de constater la chance qu'on a de manger à notre faim et de pouvoir cuisiner à partir d'ingrédients frais que l'on a choisi. J'ai la très grande chance de n'avoir jamais connu la faim, d'avoir toujours pu faire une épicerie éclairée, en choisissant mes aliments en rabais, certes, planifiant mes menus selon les spéciaux, mais en ne me retenant jamais devant telle ou telle envie. Tant de raisons peuvent faire en sorte qu'on n'arrive plus à couvrir les frais de notre alimentation: le prix des loyers versus le revenu gagné, la maladie, le nombre de bouches à nourrir, etc. Il est bon de se souvenir que devant la faim, nous ne sommes pas tous privilégiés...

Certes, vous me direz que dans une ville comme Montréal, il y a tant d'aide qu'on ne peut pas mourir de faim: c'est vrai. Or, il faut être prêt à piler sur son orgueil pour appeler à l'aide mais aussi, devoir se soumettre aux menus et horaires qui ne nous conviennent pas toujours, et qui en soi peuvent constituer un frein à l'emploi...